mardi 21 mai 2013

A Moustache. A sa liberté

A Moustache. A sa liberté

J'ai acheté une maison en Sologne, située à l'orée de la forêt. Le visiteur doit quitté la route principale qui mène au village et prendre une route forestière. Nous avons un magnifique été. Je prévois de me promener dans la forêt demain.
Je visite pour la première fois cette immense foret dense, une foret de chênes. Il a plu cette nuit. Les feuilles sont encore ruisselantes de fines gouttes d'eau. Une brise légère accélère leur chute. La terre est humide. Elle garde en mémoire l'emprunte de mes pas. Je l'entends suinter, dégorger à mesure que mon pied s'enfonce dans le sol.
J'arrive à une clairière ou prône un chêne magnifique. A un juger par la taille de son tronc, par l'ampleur de sa ramure, ce chêne doit avoir plus de deux cent ans.
Je le découvre , les racines s'enfonçant profondément dans la terre. Il ne porte aucune branche morte. Depuis ce lieu de rencontre partent plusieurs chemins. Lequel prendre ? Je me laisse aller au jeu. Je choisis une branche et me laisse guider par sa direction. Elle m'indique un chemin légèrement sur la gauche et qui s’enfonce de nouveau dans la forêt.
A chaque sortie, je découvre les arbres. Ou plutôt je les redécouvre. La lumière donne à cette forêt la majesté d'une cathédrale. Les rayons du soleil tamisés par cet écran de feuilles dévoilent un végétation ou le vert est roi. Les arbres offrent une silhouette différente en fonction du jeu de lumière. J’aime les voir, les toucher.
En passant ma main sur leur tronc, j'ai l'impression qu’ils me racontent leur histoire, leur vie.
Ils sont témoins silencieux des visiteurs, de leurs secrets , des mots a peine chuchotés.
J'arrive à la hauteur d'une souche d'arbre. La mousse l'a envahie . Un puits de quelques centimètres s'est formé en son centre rempli d'eau tombée la veille. Un oiseau s'abreuve. Il ne part pas à mesure que je m'approche de lui. Il a l'aile droite cassée. Il a du servir de jouet le temps d'un instant à un animal de la forêt.
Je le saisis. Il est apeuré, l'œil craintif. Je ne connais pas cette espèce. Il est petit, le plumage brun et porte de fines moustaches. Je viens de lui trouver un nom: “Moustache".
Je le glisse dans la poche gauche de ma veste. J'agrandi l'ouverture. Le voila en sécurité.
Me voici rentré chez moi, J'ai descendu du grenier une vieille cage. Elle fera la demeure temporaire de Moustache.
Sa blessure n'est pas grave. Il lui faut avant tout du repos.
Voilà quinze jours que Moustache est avec moi. Il me tiens compagnie le soir. J'ai posé la cage près de la fenêtre du salon qui donne sur le jardin.
Je pense que s'est le moment de sa libéré. Il sautille au fond de la cage. Je le prends délicatement, et l'emmène dehors. Je desserre un peu l’étreinte. Il est un boule dans le creux de ma main. Il tourne la tête de gauche à droite. ll a toujours l’œil craintif. Et il comprend que le moment est venu de partir. Le voici qu’il saute dans le vide , déploie ses ailes, monte dans le ciel en brisant l’air d’une trille joyeuse. Il s’est posé sur la charmille qui délimite la propriété. Je le regarde heureux d’être libre. Il inspecte les lieux. Saute de branche en branche. Je vais laisser quelques graines sur la perchoir tenu par un poteau en bois.
Le soir tombe. Moustache est encore là. Mais voici qu’il s’envole et part. Je te souhaite de bons voyages.
A Moustache, A sa liberté.

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