samedi 27 juin 2009

Foret voisine


Ce que l'on vient d'entendre,ce ne peut être une branche qui craquait: c'était trop doux,trop duveteux: et pourtant c'était un craquement. Une branche,insensiblement, a plié sous un faix trop lourd, une fissure a couru dans son matelas de neige: et voici que d'un bloc, avec un bruit de soie froissée, tout ce paquet de neige glisse et dévale, se détache, et pesamment s'écrase au pied de l'arbre. Ce poids,ce bruit de chute, ils ne sont qu'illusions nées des ténèbres et du silence.Mais ainsi amplifiés, ils ont suscité dans la nuit la présence d'un forêt sous la neige. Et pareillement il semble que ce soit une forêt qui respire lorsque la branche délivrée se redresse, avec un étirement frais que l'on croirait une haleine végétale.



Une carte? Replions-la.Pas de carte, pas d'itinéraire,pas d'avantage de noms "évocateurs". Notre hésitation même va dissiper notre embarras. Tournons résolument notre dos aux pancartes: chacune d'elles est la bonne et nous indique la forêt. Penons la route de N'importe où.


Maurice Genevoix, Forêt voisine.

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